mercredi 29 mars 2017

"Omaha beach", par Méline

American soldier landing on Omaha Beach ou The face in the surf, photographie de Robert Capa (6 juin 1944)

 
 

Robert Capa était un photojournaliste, juif hongrois, du XXe siècle (1913-1954), de son vrai nom André Friedmann. Il participe en tant que photographe à la guerre d’Espagne (1936-1939) au coté de Gerda Taro sa compagne (elle aussi photographe) et assiste au débarquement de Normandie le 6 juin 1944, il prenait à cette époque des photos pour le magazine américain LIFE. En 1947, il fonde l'agence de presse Magnum. Capa est aussi en 1954 présent lors de la guerre d'Indochine au cours de laquelle il saute sur une mine. Il s'intéressait à l'éphémère de la vie, aux instants fragiles de l'existence.

American soldier landing on Omaha Beach ou The face in the surf  (les deux titres sont possible) est une photographie (2D), noir & blanche tirée sur papier (elle appartient maintenant à l'agence Magnum). Ses dimensions sont raisonnables 34,5x23 cm.

Photo prise sur le vif, au moment même de l'action, Capa a adopté pour ce cliché un plan d'ensemble avec un point de vue légèrement plongé, faisant le focus sur le soldat, l'élément central de cette photographie.
Au premier plan, on aperçoit un soldat équipé qui débarque, allongé sur le sable ou dans l'eau, on est en plan rapproché sur son visage. Il paraît crispé, déterminé, concentré à aller vers son objectif qui est d'atteindre la plage.
  Au second plan, la mer avec des formes qui surnagent, on n'arrive pas à déterminer si ce sont des corps, des armes, cela forme une impression de désordre, de chaos. On voit aussi des croix métalliques, disposées dans la mer pour empêcher le débarquement.
L'arrière plan n'est qu'une atmosphère grise, floue renforçant l'idée de mouvement, l'eau et le ciel se confondant.

Durant le débarquement de Normandie, le 6 juin 1944 lors de l'opération Overlord (moment où la photo a été prise la photo). Capa, envoyé par le magazine LIFE sur le terrain, vivait chaque instants du débarquement au coté des soldats américains. Il en reste aujourd’hui des témoignages de ses compagnons de guerre, le soldat Huston Riley raconte : «Deux gars m'ont aidé à sortir de l'eau, un sergent de l'Easy Company et un photographe avec un appareil photo autour du cou. Ce devait être Robert Capa. Il n'y en avait pas d'autre. Je me suis dit : ''Mais que diable ce dingue de photographe fait-il ici ?'' ».
Une version des faits, la plus connue, raconte que Capa serai arrivé avec la première vague et serait donc resté à peu près une heure et demi à prendre des photos avant de repartir. Il aurait pris au total 4 bobines de photos dont 3 auraient été détruites à cause d'erreurs d'exposition mais aussi d'un mauvais traitement lors du développement au laboratoire, le laborantin détruisant la plupart des négatifs et donnant aux rares images survivantes (seulement 11)  un vernis de formes fluides et erratiques. La plus floue, reste la plus connue aujourd’hui : American soldier landing on Omaha Beach.
Des experts de la photographie ont beaucoup étudié les photos de Capa et les témoignages du débarquement le concernant et en ont conclu une autre version des faits. Capa ne serait pas arrivé avec la première vague mais avec la deuxième et donc resté à peine une demi heure sur place, le temps pour lui de prendre une dizaine de photos seulement, les photos floues ne seraient donc pas dues à une mauvaise manipulation du laborantin mais bien à Capa lui même, l'eau de la mer, et beaucoup de panique.
D'après les experts la première version, plus scénarisée, plus impressionnante aurait été inventée par le magazine par peur que les lecteurs de LIFE ne soient déçus du travail pauvre en quantité de Robert Capa, le plus grand photographe de guerre.
Malgré tout Robert Capa a réussi à retransmettre l'atmosphère tendue et la violence du débarquement de Normandie.

Cette photographie à la base une photo de reportage, est considérée maintenant comme une photo d'Art, exposée dans plusieurs musées et galeries. Elle n'en perd pourtant pas son coté de photo de reportage, véritable icône du Dday (Jour J), elle retransmet avec beaucoup d'engagement ce qu'était le débarquement et plus généralement la violence de la guerre.

J'ai choisi cette œuvre comme icône car je m'intéresse beaucoup à la photographie et admire Robert Capa pour son travail. Et je pense qu'elle est incontournable dans plusieurs domaines, tout d'abord dans le photo reportage, mais aussi dans les œuvre engagées : Capa risquant sa vie pour dénoncer la violence de la guerre.

Méline GRELLIER